Go For Good, la démarche éthique inédite des Galeries Lafayette

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Go For Good, la démarche éthique inédite des Galeries Lafayette

Les Galeries Lafayette

Les Galeries Lafayette lancent Go For Good

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Pour la première fois, un grand magasin propose une sélection de milliers de références avec une plus-value éco-responsable, et agit comme moteur pour une mode plus éthique. Nous avons discuté de cette initiative avec deux de ses acteurs clés en charge du développement durable aux Galeries Lafayette.

Deux ans après le lancement de leur marque Fashion Integrity, revendiquant une production entièrement traçable et une démarche éco-responsable, les Galeries Lafayette se lancent dans un nouveau projet d’une plus grande ampleur. Du 29 août au 10 octobre 2018, tous leurs magasins français feront de la place pour des marques sélectionnées selon un référentiel exigeant des efforts sociaux, environnementaux ou une fabrication française. Le cahier des charges s’appuie en partie sur des certificats et labels, et le résultat est une sélection d’une ampleur inédite en France.

La grosse entreprise pourrait avoir un rôle de catalyseur et de challenger côté textile, accompagnant à point nommé le mouvement vers plus d’éco-responsabilité soutenu par la loi sur le devoir de vigilance. Pourrait-elle prouver aux acteurs du secteur textile qu’une mode responsable est possible et que les clients s’y intéressent ? Nous avons échangé avec Damien Pellé, Directeur Développement durable aux Galeries Lafayette et au BHV Marais et Sonia Tarkhani, Chef de projet développement durable au grand magasin.

Tout d’abord, les explications : Go For Good, qu’est-ce que c’est ?

Damien Pellé : C’est le mouvement des Galeries Lafayette pour une mode plus responsable. « Mouvement », cela signifie que c’est le lancement de quelque chose de pérenne. Concrètement, cela signifie que du 29 août au 10 octobre, nous présentons dans tous les magasins Galeries Lafayette de France, ainsi que dans notre magasin de Berlin, une offre de produits et de services qui ont une plus-value soit sur le plan environnemental, sur le plan social ou bien sur le plan local - avec du made in France. C’est quelque chose de totalement inédit par son ampleur : cela représente 500 marques et 10 000 références de produits, dans tous les secteurs habituels des Galeries Lafayette : textile, beauté, alimentation, maison…

De quelles types de marques parle-t-on, côté mode ?

Damien Pellé : D’abord, toutes les marques propres des Galeries Lafayette ont joué le jeu (Cadet Rousselle, Louis Pion, Comptoir GL…). S’y ajoutent des marques très spécialisées comme Patagonia, EcoAlf, Lamazuna… que nous faisons entrer dans l’assortiment Galeries Lafayette spécialement à l’occasion de Go For Good. Mais il y a aussi des marques déjà présentes chez nous, qui ne communiquaient pas sur l’aspect éco-responsable de certains de leurs produits, comme Louis Vuitton, Yves Saint Laurent, Bocage…

Nous nous sommes lancés dans ce projet il y a un an et demi et avons été agréablement surpris de voir que beaucoup de personnes font des choses positives sans forcément communiquer.

Côté textile, comment avez-vous réalisé cette sélection, comment s’assurer que chaque démarche est crédible ?

Damien Pellé : Déjà, le fait d’avoir développé notre marque propre avec une démarche de traçabilité complète, Fashion Integrity, nous a permis non seulement d’être pointu dans le domaine mais aussi d’être crédible quand on s’adressait aux marques. Nous savions ce que nous leur demandions. Ensuite nous avons établi un cahier des charges solides (dont on peut retrouver le détail sur le site de Go for Good, ndlr).

Nous avons refusé énormément de marques qui se pensaient éligibles, notamment celles qui travaillent avec du coton Better Cotton Initiative, qui n’est pas reconnu par Go For Good car il est impossible de garantir la présence de Better Cotton dans le produit fini. Idem, sur le Made in France, nous allons plus loin que la loi : nous nous sommes basés sur des critères identiques à ceux du label Origine France Garantie ce qui a donc écarté énormément de produits qui ne prenaient pas leurs caractéristiques essentielles en France.

Notre assortiment est large parce qu’on a sélectionné à l’échelle du produit et non de la marque. Très rares sont les marques qui ont 100% de leur offre qualifiée. Il est vrai que si nous leur avions demandé de réunir les trois filtres, environnemental, social et local, il ne serait plus resté grand monde. Mais nous sommes aussi là pour challenger les marques. Certaines attendent d’être parfaites sur toute la ligne avant de se positionner, ce n’est pas une solution : si elles attendent, c’est une fuite en avant qui conduit à l’immobilisme.

Chacun de ces volets s’appuie en partie sur des certifications et labels issus d’audits (voir cahier des charges Go for Good).

C’est la première fois que des marques comme Zadig & Voltaire ou Claudie Pierlot se positionnent sur du responsable. Elles semblent un peu à la traîne sur le sujet.

Damien Pellé : Ces marques sont au début du chemin. Cela les a interpellées que nous mettions en place cette initiative, et elles ont eu à coeur de développer leurs premiers produits éco-responsables à cette occasion. Chez Zadig & Voltaire, y a quelques t-shirts Go for Good, alors que chez Patagonia, toute l'offre est disponible : on voit évidemment la différence. Mais il faut encourager les initiatives des marques qui se lancent et acceptent de communiquer en magasin. Notre cahier des charges a des règles strictes et claires. Sur le site de Go For Good, il y a une page intitulé « Les limites » parce que nous tenons à être transparents. Une très grosse marque ne transforme pas son offre en un coup de baguette magique. C’est valable aussi pour nos marques propres Galeries Lafayette, d’ailleurs.

Comment se présente Go for Good, en magasin ?

Damien Pellé : Il y a des zones dédiées dans tous les magasins. Aux Galeries Lafayette Haussmann, cela représente 400m² au deuxième étage. C’est comme un concept store : il y a une offre lifestyle avec des marques très engagées, des espaces de conférence et d’animation. Tous les jeudis soirs il y aura des conférences gratuites sur des thématiques variées, le « Made in France », la location de vêtements… Nous avons aussi prévu des ateliers de nettoyage et réparation de sneakers, de remaillage de pulls avec Saint James… Nous proposons également de la location de vêtements avec Panoply et Instant Luxe qui fait de la maroquinerie haut de gamme, avec Bocage qui lance un service d’abonnements sur ses chaussures…

Sonia Tarkhani : En plus de la collecte de textile qui est déjà présente en permanence, nous mettons en place la collecte de parfum. Dans l’ensemble du magasin, des affiches signalent les marques qui participent à Go For Good et précisent les critères auxquels répondent leurs produits, quels sont leurs bénéfices, pourquoi il est intéressant d’utiliser par exemple du coton bio, implicitement non OGM, qui est cultivé sans pesticide ni insecticide, etc.

Go for Good

On dit parfois que le client n’est pas encore « mûr » pour acheter de la mode éco-responsable, pas assez sensibilisé ? Qu’en dites-vous ?

Damien Pellé : Nous n’avons pas encore fait d’étude, mais nous allons faire une grande enquête sur le ressenti client pendant Go For Good. Sans avoir d’analyses chiffrées, nous dirions que sur l’alimentaire, le client est mûr, sur la cosmétique aussi, on ressent de plus en plus d’attente pour des produits plus naturels… Sur l’aspect mode, c’est moins fort, le principal questionnement client est : « d’où ça vient ? ».

Le made in France reste une espèce de super-label, qui intéresse. Mais on peut dire que sur la mode, nous sommes clairement en amont d’une vraie demande, nous sommes plus dans l’éducation. Cela fait déjà 10 ans que nous observons ce marché, il y a besoin de mettre un gros coup de boost et nous avons un rôle à jouer. Il faut passer par cette étape de pédagogie, casser une image négative du vêtement éco-responsable.

Quel aspect du mouvement est pérenne ? On aimerait bien que ces grands espaces Go For Good soient permanents.

Damien Pellé : Nous conserverons une zone dédiée à Paris, et nous souhaitons que l’on puisse identifier les produits Go For Good en permanence. Ce n’est qu’une question de signalétique et de logistique à mettre en place. Nous voulons également développer des zones dédiées en province, probablement à Marseille et Nantes.

À chaque début de saison, nous inciterons nos acheteurs à choisir les futurs produits en magasins selon les critères Go For Good.

Sonia Tarkhani : Nous sommes dans une démarche d’amélioration continue, donc nous ferons évoluer le cahier des charges, avec de nouveaux critères. L’idée est d’accompagner un mouvement, de tirer vers le haut. Nous sommes aussi impliqués dans l’accélérateur de start-up Fashion For Good à Amsterdam pour participer au mouvement de recherches et d’optimisation des bonnes pratiques.

Cet article vous est proposé à l’initiative des Galeries Lafayette

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