N’go, épisode 2 : des sneakers solidaires à la Vietnam touch

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N’go, des sneakers solidaires à la Vietnam touch

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Vous avez bien compris le jeu de mot « N’go » comme « Allez-y » mais surtout comme NGO soit ONG en français. N’go Shoes, qui a démarré récemment la campagne Ulule de sa deuxième collection, collabore depuis son lancement avec une association qui construit des écoles pour des populations défavorisées. 2 000 paires de chaussures et 2 écoles plus tard, les fondateurs poursuivent leur ambition de revaloriser un savoir-faire artisanal vietnamien en voie de disparition.

Cette fois, ils passent au cuir. Après une jolie collection en toile de coton, N’go poursuit sa percée dans l’univers de la mode éco-responsable avec de jolies pompes, de vraies baskets, toujours habillées d’un motif tissé par les artisanes vietnamiennes, à l’origine du projet. Souhaitant s’ouvrir à un marché plus large, N’go pénètre celui de la sneakers, en optant pour du cuir à tannage végétal, nettement plus respectueux de l’environnement que son équivalent chromé, pour 89€ la paire. Petit coup de projecteur via une discussion avec ses fondateurs.

N’go Shoes a un peu plus d’an. Où en êtes-vous aujourd’hui, quel est votre bilan ?

Kevin : On s’est lancé le 25 avril 2017 et nous avons vendu un peu plus de 2 000 paires de notre première collection, nos tennis en toile. Parmi les avancées marquantes, nous avons pu rentrer aux Galeries Lafayette de Nantes - ville dont nous sommes originaires - via l’opération Go for Good. Et nous serons bientôt dans le lab d’Eram, un espace sur le web où sont mis en avant des créateurs qu’ils aiment bien.

Enfin, nous venons donc de lancer la campagne de financement pour la deuxième collection, qui plaît bien !

Et le bilan de l’action sociale ?

Kevin : Nous reversons 2€ de chacune de nos ventes à l’association autrichienne Sao Bien. Ils ont construit 6 ou 7 écoles en 2017. C’est eux qui étudient les différentes urgences en fonction des localités, des villages… Nous avons participé à la construction de deux écoles au Vietnam, ce qui représente 120 enfants scolarisés. Nous représentons un quart du budget pour la construction de chaque école.

Et un bilan un peu plus personnel, sur ce qui vous a marqué, comme difficultés ou comme joies ?

Kevin : Parmi les difficultés liées au fait de produire au Vietnam, il y la différence culturelle : travailler avec des personnes de langue et culture différentes, c’est à la fois enrichissant et très compliqué. Heureusement, Ronan est sur place la majeure partie du temps, sinon ce ne serait pas jouable.

Côté positif, les meilleurs moments c’est quand on se rend dans les villages avec les artisans. Au tout début, même si on était logés chez eux, nos relations restaient un peu distantes. Désormais, ils nous invitent aux fêtes du village, on mange avec tout le monde dans les maisons à pilotis, on trinque à l’alcool de riz… Au-delà de la basket, c’est le côté humain et artisanal qui nous intéressait… Bien sûr, Ronan a été à l’inauguration des deux écoles, ce que je n’ai pas pu faire, mais ça devait être particulièrement fort.

C’est donc partie pour la deuxième collection, des baskets en cuir. Comment avez-vous fait pour limiter l’impact de votre production ?

L’idée était de garder la même identité, mais de proposer un produit qui serve en toute saison. Pour la première collection, nous souhaitions utiliser des matériaux écologiques, malheureusement les essais faits avec du chanvre et du coton bio n’ont pas passé les tests de qualité. C’est pour ça que nous avions dû opter pour du coton. Pour les baskets nous avons réfléchi à une option vegan, sachant que nous souhaitions continuer à travailler sur des matières naturelles. Mais les équivalents de cuir végétaux fabriqués au Vietnam n’étaient pas à la hauteur de nos attentes. Or, nous voulons conserver une logique locale pour toutes nos matières premières naturelles. L’option écologique, c’est donc le tannage végétal, sans chrome, sans rejet nocifs dans les eaux…

Vous arrivez à connaître la provenance de vos matières premières ?

Kevin : Pour le moment non, on ne remonte pas jusqu’à la vache pour le cuir, pas non plus jusqu’au filage pour le coton. Bien que Ronan soit sur place la majeure partie du temps et traite directement avec les fabricants comme les artisans, c’est très compliqué d’avoir des certitudes sur l’origine du filage. On y travaille mais ça va prendre plusieurs années.

Vous collaborez toujours avec les mêmes artisanes, de la communauté des Thaïs blancs, qui tissent les motifs de vos chaussures ? Quelles sont leurs conditions de travail ?

Kevin : Elles sont une quinzaine aujourd’hui à travailler sur les modèles N’go Shoes.

Ronan : Elles sont réunies en coopérative et ont donc une protection sociale obligatoire. Concernant leurs horaires, c’est elles qui les choisissent et cela dépend des commandes qu’elles prennent. Depuis le début, j’ai dû passer au moins 6 mois à travailler avec elles et leurs horaires habituels sont 7 ou 8h-11h et 14h-17h. Elles sont libres de prendre des jours de congés et lorsqu’il y a des mariages, naissances, fêtes, tout le village s’arrête de travailler.

Kevin : Leurs salaires représentent environ 20% de notre coût de revient pour une paire de chaussures.

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Vous ne cherchez pas à obtenir une certification commerce équitable ?

Kevin : On y a pensé dès le début mais ça a un certain coût, et on se demande s’il y a une réelle valeur ajoutée. Donc on verra.

Les motifs créés par les artisanes sont repris sur toute la nouvelle collection ?

Kevin : À l’origine, ces motifs traditionnels créés par ces artisanes issues de l’ethnie des Thaï blancs sont tissés sur des sacs, sur toutes sortes de tissus… Cette fois-ci, nous avons créé des motifs ensemble, avec les artisanes et notre designer. Elles testaient les tissages que nous imaginions, pour voir ce qui était faisable ou non. C’était une super expérience de collaborer ensemble là-dessus. Chaque chaussure a un motif et une couleur différente, on leur donne un nom de lieu qui est en lien avec le motif et sa couleur. Le modèle vert s’appelle « Sa Pa » parce que ça rappelle les montagnes verdoyantes du nord du Vietnam.

À l’heure où nous parlons vous avez déjà dépassé votre objectif initial de financement participatif et en avez fixé un nouveau, à 500%. Concrètement, quelle est la différence pour vous entre atteindre 100% et 500% ?

Kevin : Pour financer la production, il faut atteindre les 500%. Si on ne les atteint pas, on cherchera d’autres financements, bien sûr… Nous avons également en tête des coloris nouveaux à développer, mais pour cela, il faut atteindre un minimum de commandes. Si on atteint ces 500%, nous tirerons au sort quelqu’un pour lui offrir un Paris/Hanoï. L’idée est de faire découvrir l’univers d’N’go.

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Avez-vous de futurs projets en tête ?

Kevin : Nous pensons à créer autre chose que de la basket, soit du prêt-à-porter, soit de l’accessoire, en collaboration avec une autre marque. L’idée est de continuer à jouer sur le motif, de garder le côté ethnique, comme avec le tote bag qu’on offre en contrepartie sur la campagne de financement, il est entièrement tissé à la main.

C’est fascinant parce qu’il y a une cinquantaine de minorités ethniques au Vietnam, chacune a ses couleurs, ses costumes traditionnels. Et chacun a plus ou moins son savoir-faire.

Ronan : Les Thaï blancs sont donc spécialisés dans le tissage, les Hmongs et les Thaï noirs ne tissent pas, ils font de la broderie. Les Hmongs ont une autre spécialité qui nous intéresse beaucoup, c’est la teinture à l’indigo, un bleu naturel. J’essaie de me rapprocher d’eux pour une nouvelle collection.

Kevin : Ce sont des savoir-faire qui se perdent, notre but est aussi de préserver cela. Ils se perdent parce que l’industrie du textile est en train de les détruire, c’est pour ça que qu’il faut rémunérer le travail à sa juste valeur.

Si vous voulez donner un coup de pouce à la campagne de financement d’N’go shoes, c’est par ici.

Cet article vous est proposé à l'initiative de N'go Shoes

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