100 ans d'émancipation des femmes

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Journée internationale des droits des femmes 2021

100 ans d'émancipation des femmes

Aujourd'hui, c'est la journée internationale des femmes. D'ailleurs cela fait tout juste cent ans !





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Aujourd’hui, le 8 mars 2021, nous célébrons la journée internationale des droits des femmes (en France) ou journée internationale des femmes (ONU).

Elle symbolise la lutte pour l’obtention de droits fondamentaux tels que le droit de vote, le droit de travailler librement, de meilleures conditions de travail, l'égalité des sexes, etc. Aujourd’hui, dans la majorité des pays, elle a davantage vocation à informer, interpeller, sensibiliser les citoyens sur les inégalités et les discriminations. Cette journée reste encore un moyen de revendication des droits essentiels des femmes dans certains pays. Journée internationale des femmes

Officialisée par l’ONU en 1977, la journée internationale des femmes a en réalité été proposé pour la première fois au début du XXᵉ siècle. Convergence de revendications politiques (droit de vote, émancipation, égalité), elle est aux origines de la révolution russe de 1917 et de l’obtention du droit de vote des femmes russes.

En France, ce ne sera qu’en 1982 que le gouvernement de François Mitterrand donnera un statut officiel à cette journée. Quelles en ont été les prémisses ?


Journée internationale des droits des femmes

Retour sur l’Histoire du droit de vote des femmes

La journée internationale des femmes est intimement corrélée à leur combat pour l’obtention du droit de vote. De nombreux partis ont cherché à rallier les femmes à leur cause en amenant des arguments en leur faveur.

Aux États-Unis, les femmes revendiquaient le droit de vote depuis le milieu du XIXe siècle en soutenant qu’il permettrait aux ouvrières exploitées dans les usines et les ateliers de se faire entendre. C’est ainsi que le 28 février 1909, sous décision du Parti socialiste américain, les États-Unis fêtent pour la première fois la journée nationale de la femme, et ce, chaque dernier dimanche de février jusqu’en 1913. C’est une première mondiale, mais cette journée ne sera célébrée que sur le territoire états-unien et ne sera donc pas institutionnalisée au niveau international.

Deuxième conférence de l'Internationale socialiste des femmes - 1910 - Copenhague
Au centre, Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï au congrès de l'Internationale socialiste des femmes de Copenhague.

Conférence internationale des femmes de Copenhague

Lors de la IIème conférence internationale des femmes de Copenhague en 1910, Clara Zetkin (figure du féminisme socialiste) proposa l’instauration d’une journée de la femme. Cette proposition sera adoptée à l’unanimité par la conférence qui réunissait alors une centaine de femmes venant de 17 pays différents. Le but étant de rendre hommage au mouvement en faveur des droits des femmes et d’obtenir le suffrage universel.

La Journée internationale de la femme a été célébrée pour la première fois en Europe, le 19 mars 1911, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, où plus d’un million de femmes et d’hommes ont assisté à des rassemblements pour revendiquer le droit de vote, le droit au travail, le droit d’exercer une fonction publique, le droit à la formation professionnelle et la cessation de la discrimination sur le lieu de travail.

Incendie de l'atelier textile Triangle Shirtwaist 25 mars 1911

Moins d’une semaine plus tard, le 25 mars 1911, un incendie dans l’atelier textile Triangle Shirtwaist à New York va coûter la vie à plus de 140 ouvrières. Cet événement va profondément marquer la société américaine et plus particulièrement les femmes qui y voient un lien entre l’exploitation des femmes ouvrières et le combat pour le respect de leurs droits fondamentaux.

Le 8 mars 1914, les femmes socialistes organisent de nombreux meetings à travers toute l’Allemagne pour revendiquer le droit de vote, qu’elles n’obtiendront qu’en 1918.

Affiche appelant à l’obtention du droit de vote des femmes, interdite par l’Empire allemand.

Essor de la journée en Europe de l’Est

Le 23 février 1917 (8 mars 1917 dans le calendrier grégorien) plusieurs cortèges de femmes manifestent dans le centre-ville de Petrograd pour réclamer du pain et le retour de leurs maris qui se battent sur le front est. Parmi elles : des étudiantes, des employées et des ouvrières du textile des faubourgs de Vyborg. La pression exercée sur le gouvernement provisoire, symbolisée par l’organisation d’une marche de 40 000 femmes sur le palais de Tauride (Assemblée législative de l'Empire russe) permet aux femmes russes d’obtenir le droit de vote. Les conséquences ne vont pas se faire attendre dans les États d’Europe de l’Ouest : au Royaume-Uni et en Allemagne, les femmes obtiennent le droit de vote dès 1918.

En 1921, la journée internationale de la femme est officialisée dans l’ensemble du bloc de l’Est (Albanie, Allemagne de l'Est (ou RDA), Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie) puis dans le reste de l’Europe. L’une des journées des femmes les plus marquantes est organisée en Belgique le 11 novembre 1972 et rassemble plus de 8000 femmes. Elle est marquée par la présence de Simone de Beauvoir.
Journée internationale des droits des femmes

Un combat qui continue

« Il y a cinquante ans, nous sommes allés sur la Lune ; au cours de la dernière décennie, nous avons découvert de nouveaux ancêtres de l’humanité et photographié un trou noir pour la première fois. Dans le même temps, des restrictions légales ont empêché 2,7 milliards de femmes dans le monde d’accéder au même choix que les hommes en matière d’emploi. Moins de 25% des parlementaires étaient des femmes en 2019. Et 1 femme sur 3 fait toujours l’expérience d’une violence basée sur le genre. » (Source : site de l’ONU)

La journée internationale des droits des femmes a cette portée revendicatrice et dénonciatrice du non-respect des droits fondamentaux des femmes. La carte ci-dessous illustre la proportion de femmes ayant subi des violences physiques, sexuelles ou les deux de la part d'une personne proche.

Féminicides, violences sexuelles, mutilations sexuelles, violences conjugales, harcèlement, outrages sexistes, mariages forcés, lesbophobie, biphobie, transphobie, prostitution, etc. sont quelques-uns des outrages auxquels les femmes sont potentiellement confrontées au cours de leur vie. Il existe encore trop de violences physiques, sexuelles, mentales, morales dans le monde faites en fonction du sexe. On dénombre 94 000 femmes âgées de 18 à 75 ans victimes de viols et/ou de tentatives de viol chaque année en France (source : Journal des femmes). Dans 91 % des cas, les femmes connaissent leur agresseur. Dans 47 % des cas, le conjoint ou l'ex-conjoint est l'auteur des faits.

En Amérique latine

Récemment, plusieurs pays d’Amérique latine consacraient l’interdiction du droit à l’avortement dans leur Constitution, le rendant immuable. Le Parlement de Honduras a ainsi inscrit, le 21 janvier 2021 : « La pratique de toute forme d’interruption de la vie de l’enfant à naître, dont il faut respecter la vie à tout moment, est considérée interdite et illégale. Les dispositions légales qui seraient créées après l’entrée en vigueur du présent article et qui établiraient le contraire seront nulles et non avenues. » dans l’article 67 de sa Constitution.

Cette seconde carte montre le ratio femmes/hommes des inscriptions dans l’enseignement supérieur. Le taux d'inscription des filles dans le secondaire, par rapport à celui des garçons, correspond au pourcentage brut de filles qui sont inscrites dans un établissement du secondaire par rapport à celui des garçons.

Ratio femmes/hommes des inscriptions dans l’enseignement supérieur 2018

Nous pourrions penser que les pays occidentaux se situeraient loin devant les pays en développement, cependant tel n’est pas le cas. L’accès à l’éducation est un point central des 17 objectifs du développement durable de l’ONU. L’objectif 4 promeut une éducation de qualité à tou.te.s, les filles étant principalement touchées par l’inégalité d’accès à l’éducation. Ainsi, l’alinéa 4.5 a pour vocation d’éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’éducation d’ici à 2030.

On constate dans de nombreux pays que les femmes sont moins souvent promues que leurs collègues masculins — le fameux “plafond de verre” — et ce, dans toutes les catégories sociales. Elles sont particulièrement pénalisées avant leurs 35 ans, c’est-à-dire pendant la période où elles sont susceptibles d’avoir des enfants et misent sur la touche passée la cinquantaine.

Chaque année, les Glorieuses calculent la date et l’heure à partir de laquelle les femmes cessent d’être payées du fait de l’écart de rémunération femmes-hommes : en 2020, c’était le mercredi 4 novembre à 16h16.

Selon l’INSEE, en 2017, les femmes salariées du secteur privé gagnaient en moyenne 16,8 % de moins que les hommes en équivalent temps plein, c’est-à-dire pour un même volume de travail.

Encore des progrès à faire

Malheureusement, la journée internationale des femmes reste donc toujours encore une nécessité. Le combat pour une meilleure reconnaissance de la place des femmes dans la société n’est pas terminé. Martine Storti le dit bien justement : “[En France,] ce qui est loin d’être achevé, c’est le passage du formel au réel, la traduction des droits dans les faits. Et si l’on élargit au monde entier, les conquêtes à réaliser en termes de droits pour les femmes sont encore devant nous.”

Comme chaque année, l’ONU définit un thème pour la journée internationale des femmes : “Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la COVID-19”. Célébrons les incroyables efforts déployés par les femmes et les filles du monde entier pour façonner un futur et une relance plus égalitaires suite à la pandémie de Covid-19.

La Rédaction a choisi de rendre hommage à 8 femmes exceptionnelles et inspirantes de par leur force et leur détermination, mais aussi leur volonté de se battre pour que la place de la femme dans la société soit mieux reconnue et mieux considérée. Les origines, parcours et combats de ces femmes sont très différents pourtant elles ont en commun leur engagement, leur militantisme, leur talent et leur courage.
Journée internationale des droits des femmes

Hommage à 8 femmes qui nous inspirent

Kalpona Akter

Kalpona Akter - 2016 Shariful Islam Sourav

Militante pour la défense des travailleuses du textile, elle a commencé à travailler dans des usines textiles à l’âge de 12 ans. Devenue syndicaliste à 14 ans, elle est licenciée à 16 ans pour avoir tenté de monter un syndicat dans son “sweatshop” (atelier clandestin). Depuis 2001, elle lutte pour obtenir de meilleures conditions de travail dans ce secteur à travers l’association qu’elle a créée : Bangladesh Centre for Worker Solidarity (BCWS). À la suite de sa visite en Europe et de l’écho médiatique qu’a suscité l’effondrement du Rana Plaza, l’Accord contraignant pour la prévention des incendies et la sécurisation des usines au Bangladesh (Accord on Fire and Building Safety in Bangladesh) a été signé. BCWS, en collaboration avec Human Rights Watch, mène des enquêtes, des études analytiques et dirige des activités de plaidoyer. Elle nous inspire parce qu’elle combat des formes de travail ancrées dans la société et ne baisse pas les bras devant des acteurs bien plus grands et puissants.
Journée internationale des droits des femmes

Joséphine Baker

Joséphine Baker - Studio Harcourt 1940

Née en 1906 dans le Missouri aux Etats-Unis, elle est devenue la reine du Music-Hall dans les années 20. Joséphine Baker a lutté contre le racisme et la ségrégation toute sa vie. Engagée pendant la Seconde Guerre Mondiale aux côtés de la Résistance, elle participera en 1963 à la Marche vers Washington pour le travail et la liberté organisée par Martin Luther King et s’exprimera à ses côtés. Entourée de sa tribu arc-en-ciel (la douzaine d’enfants qu’elle a adoptée aux origines et nationalités différentes), elle n’a jamais cessé d’affirmer que l’amour est universel et, par-dessus tout, le plus puissant des pouvoirs.
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Alyssa Carson

À tout juste 19 ans, Alyssa Carson, de son surnom Blueberry (Myrtille) aspire à être la première femme à marcher sur Mars lors de la mission annoncée pour 2033. Son rêve de voyager sur Mars a été inspiré par le dessin animé The Backyardigans (Les Mélodilous en français) diffusé sur Nickelodeon, qu’elle regardait quand elle avait 3 ans. À 12 ans, elle devient la première personne à terminer le programme Passeport de la NASA. Aujourd’hui elle est la plus jeune astronaute en formation du monde ! Passionnée, elle entreprend de suivre des cours de microgravité, de physiologie spatiale, d'astrobiologie, d'histoire des explorations humaines dans l'espace, de sous-marin, etc. Actuellement étudiante en astrobiologie à l’Institut technologique de Floride, elle s’applique à “construire le meilleur CV pour atteindre son rêve”. Elle nous inspire en nous poussant à ne jamais abandonner nos rêves et à travailler sans relâche pour les réaliser.
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Balkissa Chaibou

Balkissa Chaibou rêvait de devenir médecin, mais alors qu’elle n’a que 12 ans, elle est bouleversée d’apprendre qu’elle a été promise par son oncle à son cousin comme jeune épouse. Elle décide de défier son oncle devant la justice avec l’aide de l’ONG Centre for Judicial Assistance and Civic Action (CJACA). Son oncle menace alors de la tuer et est contraint de fuir le pays. Aujourd’hui, Balkissa étudie à l’université pour devenir médecin, visite des écoles et s’entretient avec les chefs tribaux pour discuter et faire avancer les mœurs sur cette problématique.
Journée internationale des droits des femmes

Clarisse Crémer

Après avoir fait des études de commerce, Clarisse Crémer décide de poursuivre ses rêves de grand large et devient navigatrice. À 25 ans, elle souhaite participer à la Mini Transat 2017, une course à la voile. En recherche de financement, elle crée avec ses amis des petits sketchs “Clarisse sur l’Atlantique” ce qui lui permet de participer à la course. Quelques années plus tard, à 29 ans, elle termine 12e au Vendée Globe 2020-2021 en 87 jours 2 heures et 24 minutes, signant ainsi la meilleure performance féminine de l'histoire de cette course. Clarisse Crémer nous inspire par son humour, sa sincérité et sa passion qu’elle n’a jamais abandonné malgré les obstacles.
Journée internationale des droits des femmes

Camille Etienne

Militante écologiste française, Camille Etienne est une étudiante engagée et défenseuse de l’idée que la transition écologique est à la portée de tous. En parallèle de ses études à Sciences Po Paris, elle cherche à faire bouger les choses et la société. Elle participe à une conférence TEDx dans laquelle elle repense l’agriculture à l’intérieur de ses limites et milite pour redonner du sens à notre consommation. En 2020, elle réalise la vidéo “Réveillons-nous”, manifeste pour un engagement écologique, qui explose et la place au rang de porte-parole des valeurs d’une génération.
Journée internationale des droits des femmes

Annick Jehanne

Annick Jehanne est une entrepreneure décidée et aux convictions affirmées. À la tête de nombreuses équipes au sein de grands groupes de Mode pendant 25 ans, elle s’applique depuis plus de 35 ans à rendre cette industrie responsable et vertueuse. En 2015, elle lance Hubmode, une entreprise de formation qui crée des Moocs (formations en ligne) et fonde également Nordcréa qui est devenu Fashion Green Hub, une association d’entreprises qui souhaitent faire avancer leur Business model vers une Mode plus innovante et plus durable. Elle nous inspire par sa vision pionnière dans le secteur textile éco-responsable et son dévouement à faire progresser la filière vers une mode innovante, collective et juste, ce qui lui vaudra d’ailleurs le titre de chevalier de la Légion d’honneur.
Journée internationale des droits des femmes

Agnès Varda

Agnès Varda a réalisé plus d’une trentaine de films (courts et longs métrages) ainsi que des documentaires. Elle a toujours revendiqué le droit des femmes à s’émanciper, s’exprimer et se réaliser. Elle nous inspire grâce à ses inébranlables prises de position et sa lutte pour une meilleure place de la femme dans la société et l’univers cinématographique. « Il faut redonner aux hommes la place qu’ils ont dans la vie des femmes, c’est-à-dire pas la première place. C’est un peu dur à avaler… On peut peut-être le dire gentiment, mais je crois que la vie des femmes est faite de beaucoup d’autres choses que la vie des hommes », déclarait-elle en 1977 au moment de la sortie de L’une chante, l’autre pas. Elle était l’une des signataires du Manifeste des 343, la pétition demandant la légalisation de l’IVG en 1971.
Journée internationale des droits des femmes

Sources

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