Les Fashion Green Days, le rendez-vous des act·eur·rice·s des territoires fabricants

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Les Fashion Green Days, le rendez-vous des act·eur·rice·s des territoires fabricants

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Depuis 2018, les Fashion Green Days, forum de la mode circulaire à la portée nationale et européenne, est un événement organisé par l’association Fashion Green Hub. Il rassemble les professionnel·le·s de la mode (fabricant·e·s, marques, startups, créat·eur·rice·s), les expert·e·s et les institutionnels. En réunissant le monde économique, académique et politique, le forum souhaite mettre en lumière toutes les solutions qui permettent de réduire l’impact écologique de ce secteur.

La thématique de cette édition : « Territoires Fabricants » afin de démontrer qu’une réindustrialisation durable de la mode et de l’habillement sont possibles. Pas moins de 80 intervenants ont participé aux différentes tables rondes et talks proposés. Des sessions de pitchs ont permis de faire découvrir innovation et savoir-faire à plusieurs centaines de participants sur les 3 journées (cf. programme).

Parmi les sujets abordés : le renouveau de la culture, de l’exploitation et de la transformation des ressources locales jusqu’au produit fini, la place de la technologie dans ces évolutions, la formation et les savoir-faire, les nouveaux modèles d’entreprises, les relations avec les client·e·s et les pouvoirs publics, etc.

Le replay complet de l’événement est disponible via Weezevent.

Frenchwashing : la difficile définition du made in France

Eloïse Moigno, cofondatrice du label SLOWEARE , a modéré la table ronde à laquelle participait Gilles Attaf, président du label Origine France Garantie et Jules Petras, chargé de mission auprès du label France Terre Textile. Ils ont échangé sur la difficile définition du Made in France et la problématique du franco-lavage. Revenons sur les éléments clés de ce débat.

« Nous n’achetons pas juste un produit, nous achetons le modèle de société qui va avec »

Devenue en quelques années une attente, et même une exigence de la part de bons nombres de consommat·eur·rice·s qui souhaitent donner plus de sens à leurs achats, le « Fait en France » bat son plein. Selon une étude menée par Opinion Way en octobre 2020, 61 % des sondé·e·s ont déclaré acheter le plus souvent possible des produits fabriqués en France. « Nous n’achetons pas juste un produit, nous achetons le modèle de société qui va avec » comme le précise Jules Petras. La pandémie de Covid 19 a clairement renforcé cette tendance puisque 64 % des répondants estiment avoir augmenté la consommation de ce type de biens. Trois quarts des Français (74%) seraient même prêts à payer plus cher pour un produit « Made in France » (Ifop, juillet 2018).

C’est pourquoi il est important de rappeler le fait que le marquage « Made in France » n’est pas un label, mais une mention valorisante. On voit fleurir des étiquettes qui mentionnent le Made in France, avec parfois beaucoup de fantaisie pour évoquer de manière directe ou indirecte la fabrication française, comme un symbole qui laisse à penser que le produit est français ou une formulation qui peut porter à confusion : « designé en France », « fabriqué avec amour »… Or, pour qu’un produit puisse être estampillé « Made in France », celui-ci doit répondre à 2 critères qui relèvent du code des douanes :

  • 45% du prix de revient unitaire du produit doit être acquis en France ;
  • la dernière étape de « transformation substantielle » du produit doit être réalisée également en France.

À titre d’exemple, un vêtement confectionné en France avec un tissu importé pourra porter la mention « made in France » si 45% du prix de revient final est acquis sur le territoire. En revanche, un vêtement confectionné en Italie avec un tissu fabriqué en France ne pourra pas bénéficier du marquage, la dernière étape de transformation substantielle n’ayant pas eu lieu en France.

« Acheter du Made in France, c’est surtout participer à un mouvement, s’engager et donner un sens à ses achats »

De la même manière que le greenwashing, le « franco-lavage » ou « frenchwashing » désigne tout message publicitaire qui peut induire en erreur le public sur la provenance d’un produit — par exemple en mettant un drapeau bleu-blanc-rouge sur un produit quand bien même celui-ci n’est pas fabriqué en France.

Difficile de naviguer entre les pièges des marques pratiquant le franco-lavage et les act·eur·rice·s véritablement engagé·e·s pour le retour d’une mode fière d’être française.

« Acheter du Made in France, c’est surtout participer à un mouvement, s’engager et donner un sens à ses achats » selon Gilles Attaf. Le promouvoir, c’est promouvoir une facette de la mode éco-responsable : l’empreinte environnementale étant réduite du fait de la proximité de la production aux consommat·eur·rice·s.

Gilles Attaf insiste également sur le fait que l’existence même du franco-lavage prouve la valeur immatérielle de la marque « France ». Les territoires fabricants et bassins historiques textiles français en sont la preuve, sans présence de savoir-faire reconnus mondialement, le frenchwashing n’aurait pas lieu d’être. La difficulté repose aujourd’hui sur la distinction entre le franco-lavage et les véritables démarches positives et engagées pour la réindustrialisation de l’économie française et locale.

  • Premier indice donné par Jules Petras : regarder les étiquettes de nos vêtements. En cas d’absence totale de mention sur la provenance (mention facultative), c’est souvent mal engagé. Pourtant, cela ne signifie pas pour autant qu’aucune étape de confection n’a été réalisée en France… Passons donc au second indice.
  • La communication de l’entreprise doit être transparence. Quelles étapes ont réellement été réalisées en France ? Pourquoi ne le sont-elles pas toutes ? C’est pourquoi nous vous encourageons à interroger les marques. Poser des questions peut les faire réagir ; l’absence de réponse confirmera vos soupçons.
  • Enfin, soyez attentifs aux certifications : Origine France Garantie, France Terre Textile, Entreprise du Patrimoine Vivant, etc. vous garantissent la provenance majoritairement française du produit. Comme il peut être difficile de s’y retrouver parmi la multitude de labels existants, nous y avons dédié une partie dans notre livre « La face cachée des étiquettes » !

En guise de conclusion Éloïse pose une dernière question à ses invités sur le frenchwashing : s’agit-il d’une opportunité ou d’une problématique à résoudre ? Jules Petras et Gilles Attaf reconnaissent que le frenchwashing ne fait qu’attester de la valeur des savoir-faire français et qu’une prise de conscience est toujours bonne à prendre : l’objectif est bien d’accompagner les marques plutôt que de les blâmer. Ils arrivent tous deux à la conclusion que la problématique centrale n’est pas le franco-lavage lui-même, mais bien le manque d’encadrement entourant le marquage « Made in France », et la nécessité d’imposer une transparence au niveau de la traçabilité pour que les consommat·eur·rice·s puissent acheter en toute sérénité les produits estampillés « Fait en France ».

 

NB : Si vous souhaitez en savoir plus sur les différents labels qui existent dans le secteur textile, nous vous invitons à découvrir notre livre "La face cachée des étiquettes" qui vous permettra d'approfondir le sujet.

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