Bryan Gaillot : j'ai développé un goût prononcé pour l’univers de la mode (Soon Society)

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A la rencontre de Bryan Gaillot (Soon Society)

Soon Society

Bryan Gaillot fondateur de Soon Society

Temps de lecture estimé à 5 minutes

Etudiant en école de commerce, Bryan Gaillot, rêve d’une autre mode qu’il partage sur son blog Soon Society. Découvrez son parcours et sa vision de la mode responsable. Soon Society

Passionné de mode, tu es encore étudiant. Quand et comment as-tu commencé à t’intéresser à la slow-fashion ?

Pour ma part, j’ai découvert la slow-fashion de fil en aiguille mais avec un peu de recul je sais qu’il s’agissait d’une évidence.

J’ai depuis presque une dizaine d’année maintenant développé un goût prononcé pour l’univers de la mode et ce que cela implique : les matières, l’association des couleurs et des coupes, etc. Lorsque j’étais encore collégien et malgré mon budget ultra serré, je pouvais passer des heures sur internet à rechercher la pièce que j’avais en tête jusqu'à la trouver, toujours avec l’idée de chiner le meilleur rapport qualité-prix possible. Par la suite, j’ai compris qu’on pouvait clairement distinguer les concepts nés pour offrir au client une réelle expérience et les multinationales qui ne sont que des moyens de générer un chiffre d’affaires toujours plus grand. Je me suis alors concentré sur les marques faisant partie de la première catégorie, il s’agissait pour moi d’une vraie révélation, j’ai alors nourri ma culture textile et plus particulièrement en ce qui concerne les matières.

Parallèlement, mes convictions grandissantes se sont mêlées à mes connaissances sur l’industrie textile, il aurait certainement fallu que je sois un autre pour ne pas en arriver là où j’en suis. C’est avant tout avec un sentiment de révolte et d’injustice que j’ai rempli l’onglet favoris de mon ordinateur de toutes les marques qui me semblaient être différentes et bonnes. Avec du recul, j’ai très vite compris qu’elles n’étaient pas toutes parfaites mais c’était déjà ça, je les ai alors catégorisées, j’avais dès lors des marques éco-responsables et des marques responsables. Je me suis dit qu’il ne fallait quand même pas cracher dans la soupe, peu importe le degré, chaque initiative positive est bonne à prendre pour tendre vers le modèle que nous souhaitons.

Chronologiquement parlant, nous en sommes aux portes de la création de Soon Society. Dans la nuit du 30 octobre 2016, après avoir visionné quelques heures de tutoriels sur internet, je décide de me lancer et de rédiger mon premier article - Industrie Textile, bilan inquiétant & alternatives. En relisant les premières lignes, je ressens toute la révolte qui m’habitait, le vase était prêt à déborder, je ressentais le besoin de partager et d’alerter.

Soon Society

Autour de toi, est-ce que les étudiants se posent les mêmes questions que toi ?

Comment te dire… J’ai fait le choix d’un cursus assez hypocrite auquel je ne m’attendais vraiment pas. Dans mon imaginaire, suivre une classe préparatoire aux écoles de commerce et enchaîner par la suite logique c’était, entre autres, rencontrer des professeurs et étudiants réfléchis et conscients du monde qui les entoure. J’ai dû en rencontrer quelques-uns, bien loin de mes attentes à ce niveau-là. Mais il n’y a rien d’étonnant, quand une école cherche à te séduire en te présentant un salaire à la sortie alléchant, elle peut prétendre préparer ses élèves aux enjeux socio-environnementaux de demain après tout ça fait beau sur le papier. J’ai vite réalisé que deux solutions s’offraient aux étudiants d’écoles de commerce :

  • se conformer et rentrer dans un moule qui malgré toutes les bonnes intentions qu’un étudiant peut avoir le poussera à réfléchir business et non pas à creuser pour tirer le meilleur de ses idées.
  • sortir du rang et faire sa route soi-même en étant libre de ses convictions.

Je ne fais pas de mon expérience une généralité, d’ailleurs bon nombre d’entrepreneurs jouant un rôle actif dans la mode éthique ont suivi ce chemin, je regrette simplement que ces écoles qui disent préparer les futurs cadres et dirigeants ne soient pas bien plus en phase avec les défis qui nous font face.

Quelles sont tes marques de mode préférées ?

  • Kipepeo : Un projet magnifique à mi-chemin entre l’entreprise et l’ONG, Kipepeo mène principalement ses actions dans le domaine de l’éducation en faisant des dons réguliers pour la création d’écoles, de matériels scolaire et le financement de frais de scolarité. Le projet est basé en Tanzanie où les designs sont réalisés par des écoliers, où le coton bio est récolté et où la production respecte les règles du commerce équitable. Le processus s’achève en Allemagne avec l’impression et le packaging.
  • Philippe Gaber : L’artisanat dans toute sa splendeur puisque Philippe réalise lui-même chaque pièce, du croquis au dernier point de couture dans son atelier parisien depuis 2009. Il accorde un soin particulier aux matières utilisés, uniquement en provenance de la filière biologique et certifiées.
  • Krochet Kids : Un véritable projet humanitaire avant tout, Krochet Kids s’engage à offrir des opportunités aux femmes dans le besoin au Pérou et en Ouganda. Chaque pièce comporte la signature de sa productrice et chacune d’entre elles possèdent un profil sur le site de la marque où il est possible de laisser une note de remerciement. En partenariat avec l’organisation à but non lucratif « CAPABLE », divers programmes d’éducation, d’encadrement et de soutien financier sont proposés aux employés.
  • Komodo : Une marque qui a pris le virage de la mode éco-responsable depuis 1988 et affiche aujourd’hui un engagement fort à tous les niveaux. Toutes les matières sont propres : coton bio, chanvre, bambou, rayon, soja, lin, tencel, pneu recyclé, laine et PET recyclé. Engagés socialement, ils ont fait le choix pour réaliser la confection de soutenir des travailleurs du Népal, Bali, Inde et Chine. Ils réalisent dans la mesure du possible l’acheminement de leurs marchandises par voie maritime pour réduire leur empreinte carbone.

Ce serait évidemment trop long de citer toutes celles qui me tiennent à cœur, celles-ci sont peu connues et mêmes de ceux qui s’intéressent à la mode éco-responsable, en espérant partager avec les lecteurs de belles découvertes.

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Comment vois-tu la mode dans 5 ans ?

Mon souhait est de voir toutes ces petites unités de production consciencieuses gagner en envergure et être bien plus accessibles pour le grand public, une chose totalement envisageable avec les possibilités qu’offre internet. Je considère qu’il faudrait pour cela un coup de pouce de la part des institutions par le biais d’incitations à l’entrepreneuriat et à l’achat dans cette branche, reste à voir si ceux qui tirent les ficelles n’y ont pas trop gros à perdre …

Parallèlement, j’ai de nombreuses préoccupations en ce qui concerne les entreprises leaders du marché et leur facilité à s’accaparer les règles du Greenwashing. Si celles-ci parviennent à faire croire aux consommateurs qu’elles sont capables de proposer des t-shirts à 10€ fabriqués à partir de matières issues de l’agriculture biologique et respectant socialement les petites mains qui bossent dans les ateliers alors notre combat sera probablement mis en péril …

Quel est ton mantra ?

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » Gandhi

Si seulement cette phrase était apposée dans chaque salle de classe du monde…

La bio de Bryan Gaillot

Bryan est le fondateur du blog Soon Society dédié à la mode responsable pour les hommes. Il défend un monde meilleur, éthique, écologique et fraternel.

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