Camille de Second Sew : « Une mode dans laquelle le vêtement reprend toute sa place et toute sa valeur : celui qui a une vraie signification pour celui ou celle qui la porte, qui nous rend vraiment unique, avec lequel on construit une histoire. »

Camille Brun-Jeckel (Second Sew)

Interview de Camille Brun-Jeckel

Camille Brun-Jeckel est la fondatrice de Second Sew.




Temps de lecture estimé à 5 minutes

Camille est une jeune maman passionnée par la revalorisation textile. Derrière ce son caractère chaleureux et son grand sourire se cache aussi la fondatrice de la marque upcyclée pour enfants Second Sew.

Si comme nous, vous adorez vous balader sur les marchés éco-responsables, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous arrêter devant ses jolies créations. C’est d’ailleurs, ainsi que nous avons fait la connaissance de Camille lors d’un marché de Noël organisé par l’un de nos partenaires à la Recyclerie.

De fil en anguille, nous avons eu des discussions très intéressantes sur la mission de la marque, son impact et la manière dont elle souhaite s’engager dans le futur pour une mode toujours plus engagée.

Dans notre Interview, Camille nous embarque dans son aventure d’entrepreneure dans l’économie sociale et solidaire.

Quel est ton parcours ?

Après avoir passé plusieurs années en agence de communication puis en association humanitaire, j’ai voulu porter un projet qui corresponde entièrement à mes valeurs, à mes convictions et qui me permette également de concilier mes passions.

C’est ainsi que la couture, la brocante, la préservation de l’environnement et le respect de l’Homme se sont rencontrés. C’est donc naturellement que j’ai créé Second Sew en octobre 2018.

Quelle est la démarche de Second Sew et les engagements que tu t’es fixée ? En quoi ta marque est SLOWEARE ?

Je souhaitais que ce projet soit totalement cohérent dans ses différentes démarches :

  • Environnementale : l’utilisation de textile revalorisé permet de piocher dans la manne de textiles déjà existante et donc une production du vêtement très peu polluante (pas de culture, pas de traitement, pas de teinte, peu de km parcourus, peu d’eau utilisée…)
  • Zéro déchet : les chutes de tissu sont actuellement réutilisées dans des rembourrages de coussins.
  • Sociale : l’assemblage des vêtements Second Sew est réalisé par un atelier de confection qui favorise l'accès à une qualification et à l'emploi des personnes en difficulté d'insertion professionnelle dans le cadre de parcours individualisés.
  • Local : les tissus sont chinés en région parisienne, la coupe est également effectuée dans le Val-de-Marne (94) puis la confection est réalisée à Calais.

J’essaye de perfectionner au fur et à mesure les différents process, notamment au niveau du cycle de vie du vêtement. Certaines choses peuvent encore être améliorées.

En un an d’activité, peux-tu déjà nous faire un retour sur les obstacles que tu as pu rencontrer ?

Mes principales difficultés sont celles de tout.e jeune entrepreneur.e : travailler seule avec la multiplicité de tâches que cela requiert, la multiplication des savoir-faire qu’on ne peut maîtriser, le financement…

Concernant le projet en lui-même, j’ai la chance pour le moment de ne pas avoir rencontré de difficultés particulières mais je suis encore à une toute petite échelle.

Je travaille exclusivement avec des partenaires que j’ai connus grâce au bouche-à-oreille et avec lesquels il y a un respect mutuel. Quand on est jeune créatrice, le crédit porté à notre projet n’est pas toujours évident.

Camille Brun-Jeckel

Ancienne fashion victim, quel a été ton déclic vers une mode plus consciente ?

Comme beaucoup, avec mes premiers salaires sont arrivées les virées shopping régulières puisque je n’avais évidemment jamais la bonne tenue à mettre. La tentation était d’autant plus grande que mes premiers boulots d’étudiantes se passaient dans un grand magasin parisien.

Mon cheminement vers la mode éco-responsable s’est fait lentement via des éléments qui ont jalonnés toute mon existence, dont je n’avais alors pas forcément conscience mais qui ont finalement convergé vers une prise de conscience (la fameuse) :

  • Une grand-mère qui ayant connu la guerre et le manque, disait tout le temps qu’il fallait « toujours tout garder, ne rien jeter, ne rien gâcher».
  • Une mère qui travaillait pour une grande marque de prêt-à-porter française haut de gamme et qui au bout de plusieurs dizaines d’année dans cette même enseigne m’a dit « Tu te rends compte, même ces vêtements (en parlant de la marque) sont Made in Thaïland maintenant, alors qu’ils sont toujours aussi chers et de moins bonne qualité».
  • La chance d’avoir pu beaucoup voyager que ce soit pour le loisir ou pour le travail, notamment dans des pays en voie de développement. J’ai pu constater directement l’impact de notre surconsommation occidentale sur l’environnement : des déchetteries à ciel ouvert, des plages qui avaient disparu en quelques années, des rivières souillées…
  • Un travail en association humanitaire qui m’a encore plus sensibilisée au travail des femmes, des hommes mais également des enfants dans ses usines textiles.
  • Et finalement l’arrivée de ma fille a mis encore plus en exergue mes prises de position, car je ne souhaitais pas hypothéquer son avenir en l’habillant avec des vêtements qui par définition polluent le monde dans lequel elle va grandir et vivre.

En tant que marque engagée, quelle mode ou style as-tu envie de défendre ?

Cela ne va pas être très original mais je dirais une mode intemporelle qui par essence n’a pas besoin de changer toutes les saisons.

Une mode dans laquelle le vêtement reprend toute sa place et toute sa valeur : celui qui a une vraie signification pour celui ou celle qui la porte, qui nous rend vraiment unique, avec lequel on construit une histoire.

Vous voyez ce pull qu’on a acheté au collège et que l’on porte toujours 20 ans plus tard, qu’on se refuse à jeter parce qu’il nous rappelle tellement chose, parce qu’il a une réelle valeur pour nous ? Et bien c’est exactement cela.

C’est pour cette raison que j’adore également chiner des vêtements en brocante ou ailleurs : cette pièce qui a déjà son histoire qui va se prolonger à travers une nouvelle personne.

Une mode qui même si elle est intemporelle, nous permet malgré tout de se sentir unique.

As-tu une source d’inspiration ?

Mes inspirations mode viennent plutôt du passé et n’ont pas forcément de nom : il s’agit des pièces que je chine en brocante ou que je vois dans de vieux livres.

Je m’inspire également beaucoup des vêtements que je portais petite, que ma maman (qui a très bon goût ! 😊) a conservé et que ma fille porte maintenant.

Camille Brun-Jeckel

Parlons bons plans beauté et fashion : as-tu rituel à nous recommander ?

Mon rituel beauté est relativement basique : de l’huile d’amande douce bio sur le visage et les cheveux. Et quand je me maquille j’utilise du mascara et de l’anti-cerne (toujours bio).

J’utilise globalement des produits bio et/ou zéro déchet dans ma salle de bain : shampoing et savons solides, déodorant maison… La prochaine étape est de me mettre au dentifrice maison… Une grande étape !

Je n’ai pas de vêtement fétiche à proprement parler. Depuis quelques années, je suis arrivée à avoir une garde-robe composée à 90% de vêtements chinés, faits moi-même ou qui ont soufflé leur 10ème bougie depuis leur achat neuf (pour ceux dans lesquels je rentre encore !).

Lien vers la vidéo :

Camille Brun-Jeckel

Slowez-nous ! Partagez la Slow Attitude avec les personnes que vous aimez

Vous aimerez aussi

Partagez votre avis

Gayaskin — Portrait fondateurs — crédit photo Virginie ZilbermannCharlotte & Juliette Montlimart