A la rencontre de Chloé Pommeau (L'Aventurière)

A la rencontre de Chloé Pommeau (L'Aventurière)

Interview de Chloé Pommeau




Temps de lecture estimé à 6 minutes

Chloé, nantaise d'origine a contacté SLOWEARE alors qu'elle était encore en Inde pour lancer sa toute première collection. Au même moment, plusieurs personnes de la communauté de SLOWEARE nous invitaient à découvrir l'univers magique et délicat de l'Aventurière.

Quand as-tu créé L'Aventurière et pourquoi?

J’ai lancé officiellement L’Aventurière en novembre 2017 mais le projet est né en 2013. A l’époque, je vivais en Inde et voyageais au Népal pour le renouvellement de mon visa. Un long trajet en bus me donna l’idée de dessiner mon sac à dos de voyage idéal. A mon retour en Inde, je n’avais qu’une idée en tête, le faire fabriquer. Cela me prit bien plus de temps que je ne l’aurais pensé car je voulais trouver les meilleurs matériaux, les meilleurs artisans,… et pour ce faire, j’ai parcouru l’Inde à la rencontre de ses savoir-faire. Cette quête est devenue une mission de vie et la passion qui m’occupait me fît comprendre qu’il y avait plus qu’une simple envie de me créer un sac sur mesure. Il y avait une envie de faire quelque chose de plus grand. C’est ainsi que j’ai décidé de créer une marque.

En parallèle, je me faisais fabriquer des vestes avec des tissus que je trouvais sur les étalages de marchés. Celles-ci ont rencontré tellement de succès que j’ai décidé de les ajouter à la liste de produits que je souhaitais vendre à travers ma nouvelle marque. J’ai ensuite trouvé le point commun à tout cela, qui était de créer une marque qui invite au voyage et qui propose des produits de qualité.

Le projet social s’est ajouté par la suite. Sensibilisée à la vie des enfants des rues de Bombay lors de mes deux années passées dans cette ville, j’ai naturellement souhaité leur dédier ce projet.
Chloé Pommeau
Quant à l’atelier de confection solidaire, il est également arrivé naturellement. J’avais débuté avec une idée de Made in France mais qui s’est avérée très compliquée et trop chère. L’atelier de confection avec lequel je travaille aujourd’hui est situé dans la ville de Jodhpur, où j’ai également vécu durant deux ans. Il se trouve à quelques centaines de mètres du lieu de mon ancien travail et pourtant je ne l’avais jamais vu auparavant. Retourner dans cette ville, qui est le berceau de la marque et également ma ville d’adoption en Inde est une boucle parfaitement bouclée. J’ai à cœur d’aider les femmes de la région à s’émanciper. Par ailleurs, ayant travaillé durant quatre années dans des usines de fabrication de meubles et ayant visité plusieurs grosses usines de prêt-à-porter, il était essentiel pour moi de travailler avec un atelier solidaire avec lequel je pourrais avoir une réelle transparence et développer un projet sur le long terme.

Quels engagements souhaites-tu valoriser ?

Un engagement social fort: d’abord avec celui des enfants des rues. Il y a une volonté de communiquer / sensibiliser sur leur situation, de revendiquer également et puis de pouvoir donner la possibilité à mes clients de participer à un projet de plus grande envergure qui est de réussir, grâce à une partie des bénéfices de L’Aventurière, à emmener les 250 enfants de l’association en voyage.
Chloé Pommeau
Ensuite l’engagement solidaire, à travers le choix de l’atelier de confection. Ici, ça n’est pas seulement de promouvoir le travail des femmes indiennes et de participer à leur émancipation, c’est aussi de sensibiliser le client au « Made in India », qui n’est pas nécessairement synonyme de mauvaise qualité et mauvaises conditions de travail. Je veux pouvoir promouvoir les savoir-faire de l’Inde et éduquer le consommateur sur cette culture et sur le fait qu’il y a beaucoup d’endroits en Inde qui évoluent de façon très positive et qui travaillent d’arrache-pied sur des projets sociaux.

Un engagement qualité et durabilité : sensibilisée au travail des artisans français et au luxe français durant mes études, j’ai développé un sens très pointu du détail, de la qualité et du beau. Il me serait tout simplement impossible, d’un point de vue éthique personnel, de proposer un produit qui ne soit pas de qualité. C’est la raison pour laquelle j’ai travaillé avec la chef d’atelier d’une grande maison française pour la réalisation des prototypes et donc de la construction de la veste. L’idée était de proposer un produit qui ait une vraie qualité qui lui permette à son tour d’avoir une durabilité. Je suis partisane de la slow fashion.
Chloé Pommeau
Un engagement de transparence. Ma communication repose sur cet engagement. Je souhaite que le consommateur sache d’où vient le produit qu’il achète, où et comment il a été fabriqué, par qui, et quelle est son histoire. Je souhaite apporter une dimension sentimentale au produit pour que le consommateur puisse le considérer à sa juste valeur et en prendre soin sur du long terme.

Quelles sont les difficultés auxquelles tu as dû faire face ? Comment as-tu réussi à les résoudre ?

Il y a d’abord eu la difficulté du perfectionnisme. Ironiquement, à vouloir trop bien faire, on ne fait rien car la perfection n’existe pas. J’ai tellement à cœur de faire un produit de qualité que j’ai perdu beaucoup de temps dans le développement de cette entreprise. Aujourd’hui, ayant plus de recul, j’accepte l’imperfection et ai compris que l’important est de proposer un produit qui soit le plus proche de la perfection tout en gardant à l’esprit les possibilités d’amélioration dans le futur.

Ensuite, établir un prix juste a été une difficulté. Il y a ici un rapport à la perfection puisque proposer un produit de grande qualité engendre généralement des coûts plus importants et il faut pouvoir trouver un juste équilibre. Ensuite, proposer des prix (qui paraissent) justes peut aussi être compliqué lorsque l’on crée une entreprise car les charges sont alors plus importantes et on ne peut pas concurrencer le prix des grandes enseignes qui elles, produisent en grandes quantités. Là encore, il faut trouver un juste milieu et assumer le prix qui correspond à notre situation et à notre offre.

Le travail avec l’Inde est toujours un véritable challenge, de part la différence de culture, on se heurte forcément à des difficultés supplémentaires, des imprévus. C’est une chose qui doit s’aborder de façon très zen et il faut toujours accepter le fait qu’on ne peut pas tout contrôler. Il faut savoir s’adapter et être prêt à prendre plus de temps sur certains sujets pour former les partenaires/fournisseurs/sous-traitants et les amener à évoluer dans le temps.
Chloé Pommeau
Une autre difficulté majeure que je rencontre encore aujourd’hui est de trouver les bons partenaires, notamment sur la partie confection, car je ne suis ni couturière ni designer de formation. Il faut savoir s’entourer des bonnes personnes et leur accorder notre confiance. D’un point de vue plus personnel, j’ai dû beaucoup étudier et apprendre « sur le tas », visiter de nombreux salons et asseoir ma légitimité.

Chloé Pommeau

Quel a été ton cheminement personnel vers la mode éco-responsable ?

J’ai vécu à la campagne jusqu’à mes 18 ans et reçu une éducation posée sur des valeurs fortes de partage, de simplicité et de naturel.
Chloé Pommeau
En grandissant, mes nombreux voyages m’ont amené à découvrir des savoir-faire et des savoir-vivre bien loin de ceux de nos sociétés modernes et industrialisées. Le voyage m’a également mené vers une dématérialisation, des valeurs fortes d’éthique, de partage et des valeurs environnementales. J’y ai également développé un sens très fort de l’injustice, d’où mon envie (besoin ?) aujourd’hui de défendre certaines causes.

Je vois aujourd’hui la mode sous les principes de la slow fashion et mon mode de vie général tend également vers du consommer moins mais consommer mieux.

Quelle mode/style as-tu envie de défendre ?

Une mode qui soit à la fois confortable et qui ait du style, une mode abordable au plus grand nombre, une mode durable et éthique.

Pour quel type de femme et d’homme ?

Je travaille aujourd’hui sur une mode exclusivement féminine, à destination de toutes les femmes du Monde, quels que soit leur religion, leur origine, leur(s) croyance(s) et même leur mode de vie.
Chloé Pommeau
J’ai conscience que le prix des produits n’est pas abordable pour tous les porte-monnaie mais je m’efforce de proposer des prix qui soient le plus juste possible, l’idée étant de pouvoir rendre les produits accessibles au plus grand nombre.

Dans le futur, je prévois de développer des collections homme.

Quelle est ton inspiration mode du moment dans ta vie quotidienne (personnalité, créateur...) ?

J’aime beaucoup la créatrice anglaise Anita Quansah qui fabrique des bijoux et des accessoires ethniques époustouflants faits main.

Mais mon inspiration principale reste l’Inde, ses rues, ses couleurs, ses tissus et ses femmes.

Quelle est ton rituel beauté ? / ton vêtement fétiche ?

Ayant vécu en Inde durant quatre ans, j’utilise de l’huile de coco pour réaliser tous mes rituels beauté: visage, corps, dentifrice, bain de cheveux,…

Mon vêtement fétiche est une veste que j’ai faite faire spécialement pour moi avec un tissu entièrement brodé et agrémenté de petits miroirs. Elle est extrêmement confortable et va aussi bien avec un jean en mode décontracté qu’une petite robe en mode plus chic. J’ai pensé à la faire fabriquer en plusieurs exemplaires pour l’intégrer dans la nouvelle collection mais j’aime l’idée de l’exclusivité.

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