Petite histoire de l’indémodable marinière, emblème du chic à la française

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L'histoire de la marinière

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La marinière, le chic à la française

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La marinière, c’est chic, c’est Nouvelle Vague, c’est Bretagne et c’est Côte d’Azur à la fois. Pourtant avant de réunir tous les suffrages, ses rayures étaient un signe distinctif des bas-fonds. Mini-cours d’histoire de la mode pour comprendre le parcours de cet incontournable du chic à la française.

21 raies blanches de 2 cm et 20 ou 21 raies bleues d’1 cm. La marinière, ou le tricot rayé, c’est précis : le nombre de rayures a été formalisé en 1858 via un décret officiel de la Marine Nationale. Les manches sont ¾ pour ne pas dépasser de la vareuse. Le col est légèrement roulotté. L’ensemble est fabriqué en jersey de coton. Ses rayures, qui furent un temps rouges, avaient la réputation de rendre les marins plus repérables en cas de chute en pleine mer.

Changement de paradigme

Un siècle et demi après ce décret, la Marinière n’est plus portée que par les matelots : c’est le chic à la française, le vêtement fétiche de Pablo Picasso, Brigitte Bardot et Jean-Paul Gaultier. C’est l’indémodable pièce de Saint James et Armor Lux, portée été comme hiver, revisitée par toutes les marques dans tous les coloris.

Avant que Chanel et Saint Laurent la transforment en pièce mode, la marinière s’infiltre d’abord dans les stations balnéaires françaises et dans la garde-robe des petits enfants. À la toute fin du XVIIIe siècle, le costume du marin, unisexe, pratique, symbole de naïveté, devient une tenue classique des enfants bien-nés, issus de la bourgeoisie ou de l’aristocratie. En Angleterre, la reine Victoria a instauré cette tendance par patriotisme : elle fait arborer à son fils, le futur Edouard VII, des costumes militaires, transformant l’enfant en étendard de la puissance nationale. Une pratique qui se répand alors dans toute la haute société.

Liberté chérie

L’habit des enfants devient bientôt celui des femmes, mais pas de n’importe lesquelles. C’est “l’étoffe des femmes libres” écrit l’historienne de la mode Catherine Örmen dans l’ouvrage “Les Marins font la mode”. Fin XIXe, alors que la plupart d’entre elles sont engoncées dans leurs corsets, certaines comme l’écrivain Colette, s’affichent en total look marin. Double effet cool : le corps est libéré et l’attitude est rebelle, en pantalon comme un garçon. La tenue évoque aussi le caractère sans attache et libre de celui qui prend le large. C’est ce qui séduit aussi Gabrielle Chanel, un peu plus tard, en 1917, quand elle impose le pantalon pont et la marinière comme vêtement féminin élégant, le textile étant alors fluidifié avec de la soie.

L’imaginaire de la marinière porte aussi en lui l’image des bas fonds, du mauvais garçon. Michel Pastoureau a analysé cela dans son essai “L'Étoffe du diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés”. Le vêtement à rayures horizontales, c’est initialement celui de Lucifer, du bagnard voire des prostituées. Ce dark side de la marinière n’imprègne pas tellement son image aujourd’hui, même si elle a conservé un petit côté rebelle.

Le chic à la française

Jean Paul Gaultier, qu’on se représente toujours en marinière bien qu’il soit plus adepte de l’uniforme noir depuis quelques années, se dit plutôt motivé par une espèce de “nostalgie” dans son exploitation du motif marin : nostalgie de son vêtement d’enfance mais aussi des artistes qui l’ont porté, de Chanel à Bardot en passant par Picasso. Depuis son premier défilé, il n’a eu de cesse de réinventer la marinière, version robe dos nu ou à plumes, d’en faire un vêtement plein de sex-appeal, au féminin comme au masculin.

En octobre 2012, Arnaud Montebourg a remis sur le devant de la scène la marinière comme emblème du made in France via sa fameuse couverture du Parisien Magazine. Fierté et bon point en éco-responsabilité : il est possible d’acheter d’authentiques marinières de fabrication française. Orcival fabriquait pendant un temps les tricots rayés de la Marine nationale de France dans ses ateliers lyonnais. Si ce n’est plus le cas aujourd’hui, l’entreprise est toujours un modèle de qualité avec des vêtements certifiés Oeko-Tex, une fabrication 100% française, l’exploitation d’un savoir-faire vieux de 2 siècles pour une tenue des tissus exceptionnelle.

Évolution

Le pull marin tricoté de Montlimart est réalisé en fil recyclé (70% laine, 25% polyamide, 5% autres fibres) et fabriqué en France. Son col remonte légèrement pour bien nous protéger, ses rayures sont anthracites avec une touche de terracotta pour plus de modernité.

Saint James, célèbre aussi pour son tricot de marin, fait également fabriquer ses marinières en France, à Saint James, commune à la frontière de la Bretagne et de la Normandie. La marque a été fièrement labellisée en 2014 “Entreprise du Patrimoine Vivant”.

La marinière portée par Arnaud Montebourg, c’était quant à elle une Armor Lux. L’entreprise fait confectionner ses tricots en Bretagne, à Quimper et Kerdreniou - et a vu son chiffre de vente augmenter de 60% le samedi qui a suivi la parution de l’article.

Made in France, chic, rebelle, haute couture, éco-responsable… Vous savez désormais d’où vous vient ce plaisir d’enfiler le fameux tricot rayé !

 

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