« Enfant, je rêvais de devenir garde forestier ou guide de haute montagne. »

Ogarun

Jean-Charles d’OGARUN : « Enfant, je rêvais de devenir garde forestier ou guide de haute montagne. »

Ogarun

Enfant, je rêvais de devenir garde forestier ou guide de haute montagne

Ogarun





Temps de lecture estimé à 6 minutes

Jean-Charles Giorgi est le fondateur d’OGARUN, une marque outdoor conçu pour les amoureux de la nature et du sport. Avant, Jean-Charles était sportif de haut niveau, il n’est donc pas surprenant que ce passionné ait décidé de se lancer dans un nouveau défi. Nous l’avons rencontré l’année dernière au salon du MIF expo 2019 pour le lancement officiel de la marque bien entouré par des fans de sports ravis de découvrir une nouvelle marque adaptée à leur attente. Depuis OGARUN a rejoint le label SLOWEARE , l’occasion de vous raconter la genèse de la marque et qui les motivations de son fondateur. Ogarun

Bonjour Jean-Charles ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour ! Alors j'ai 50 ans et je suis un homme heureux. Ogarun

J'ai passé la moitié de ma vie sur les terrains de rugby à 13, en France et en Australie.

S'en est suivie une reconversion professionnelle chez Décathlon où j'ai travaillé près de 29 ans jusqu'au métier de directeur de magasin, puis au siège à Lille en tant que chef de produit et enfin directeur du département trail-running.

Après ces belles années passées à servir mes clients et à travailler au cœur de la conception produits, j'avais clairement besoin de vivre un projet aligné avec l'homme que je suis. Le projet OGARUN est né de ces nouvelles inspirations.

Quand est-ce que tu t’es dit, Go, je lance OGARUN ?

L’histoire a commencé début 2018 avec Rachel, une de mes stylistes, avec qui je partageais une vision commune du sport, des produits et de la fabrication. On a alors décidé de créer notre projet beaucoup plus authentique, en faire un mélange de sueur de boue et de sourire. Pragmatiques aussi, nous avons décidé de formaliser notre rêve dans un document Word. Pendant deux mois, on ne s’est mis aucune limite : c'était le temps du rêve. Cette phase d’idéation du projet a été très importante. Ogarun

Après quelques semaines, Rachel commença a monté des protos chez elle, d'abord en lin. Le projet commençait à devenir concret. Nous étions prêts tous les deux à quitter notre statut de salarié pour nous engager dans l'aventure mais au bout de quelques semaines, Rachel a décidé de ne pas poursuivre. J'étais déçu car nous étions complémentaires. Fin 2018, je quittais mon job, le projet était prêt à être lancé. Les bases étaient là : raison d'être, promesses et valeurs socles, périmètre produit, et bien sûr, financement. Ogarun

Justement, quelle est la raison d’être de la marque ?

OGARUN est né d'un manque : Quand on est passionné de nature et de sports de plein air, on n'a pas d'autre choix que de s'équiper de tenues fabriquées à base de pétrole et conçues à l'autre bout du monde. Drôle de paradoxe.

Je voulais casser ce statu-quo en proposant une alternative au polyester chinois. J'ai eu le coup de foudre pour la laine mérinos dans mes activités sportives.

J'ai créé OGARUN autour de trois idées qui sont le socle de la marque : des premières couches polyvalentes pour l'outdoor, en laine mérinos, tricotées et assemblées en France.

Mon engagement environnemental et citoyen est indissociable de ma volonté d'entreprendre. Le respect, valeur centrale de mon projet est au cœur de toutes mes décisions : respect de l'environnement, respect du Vivant, respect de l'autre.

La philosophie d'OGARUN s'est construite sur deux axes : l'engagement environnemental et l'engagement citoyen.

La laine mérinos

La laine mérinos symbolise à elle seule le besoin de revenir à une matière naturelle et peu polluante. Qui dit environnement inclut le Vivant. Je suis très vigilant sur le soin que les éleveurs apportent à leur troupeau.

J'ai prévu de me rendre sur place, en Afrique du Sud, pour m'assurer que tout se fait au quotidien dans le respect de l'animal et des ouvriers qui travaillent sur les exploitations. Je ne veux pas me cacher derrière les labels. Il y a tellement d'intérêt économiques en jeu que je préfère comprendre en observant et en questionnant.

Le made in France permet de participer concrètement à l'activité industrielle d'une cité ou d'une région. OGARUN est un donneur d'ordre pour une dizaine de PME françaises, dont Lemahieu, située à quelques km de mes bureaux. C'est une réalité.

Le made in France apporte aussi à d'autres niveaux : proximité et simplicité des relations, agilité, et bien sûr transparence. La notion de plaisir dans mon job est essentielle. Je prends du plaisir à développer ce projet car j'ai la chance de pouvoir choisir mes interlocuteurs.

Quelles sont les difficultés auxquelles tu as dû faire face ? Comment as-tu réussi à les résoudre ?

La première difficulté a été de trouver le partenaire industriel idoine. Je recherchais une structure 3 en 1 : un bureau d'étude capable de m'accompagner sur le style, le modélisme et le prototypage ; un outil industriel capable de tricoter un fil de laine très fin ; et bien sur une équipe de couturières d'expérience, capable de façonner des vêtements techniques.

Après quelques mois de recherche sur les salons et sur les RS, j'ai rencontré Martin Breuvart, le co-dirigeant de la Manufacture Lemahieu. Et cerise sur le gâteau, à 12km de mon bureau. Martin est un grand sportif, le projet lui a plu tout de suite. Trois jours après nous étions au travail avec son équipe.

La seconde fut de convaincre une banque de financer l'achat de mon stock. J'avais présenté le projet à quatre agences, toutes étaient enthousiastes à l'idée de me financer. Mais une seule a su passer le "cut" de sa direction régionale. L'achat de stock s'assimile à de la trésorerie, ça n'est pas dans les habitudes des banques de financer du BFR.

Quel a été ton cheminement personnel vers la mode éco-responsable ?

J'ai pris un premier virage en 2017 grâce à l'accompagnement d'une coach en développement personnel. Cela m'a permis d'identifier trois axes essentiels : mes besoins prioritaires (au-delà de ceux décrits par Pavlov), mes talents et mes valeurs socles.

L'idée de vivre une expérience entrepreneuriale dans le milieu du sport est apparue comme une évidence. Celle de fabriquer localement me paraît à la fois simple à mettre en œuvre et plutôt ambitieuse au regard de ce qui se fait dans le secteur de l'outdoor.

Enfant, je rêvais de devenir garde forestier ou guide de haute montagne.

J'avais besoin de me réconcilier avec la nature. OGARUN est née le jour où j'ai écouté l'enfant qui était en moi : fabriquer des vêtements en matières naturelles en abîmant le moins possible l'environnement.

Quel est ton rapport au sport ?

Enfant, j'ai rapidement compris ce que le sport pouvait m'apporter : du plaisir, des copains et un moyen sain de me défouler. Jeune adulte, il m'a aussi apporté de la confiance en moi et la possibilité de voyager au bout du monde.

Aujourd'hui, le sport est toujours très présent, mais il n'est plus mon seul centre d'intérêt. L'envie de me faire plaisir a pris le pas sur l'envie de me dépasser (ou de dépasser les autres). Mon plaisir aujourd'hui c'est partir à vélo ou en courant avec ma femme à la découverte de petits coins de France. Nous sommes partis cet été faire du trail dans les Pyrénées et du vélo en Bretagne.

Quelles sont les personnes qui pourraient avoir besoin de tes produits ?

Celui ou celle qui pratique toute l'année plusieurs activités sportives. Running l'été, cyclisme en automne et au printemps, ski de randonnée l'hiver par exemple. Mes tenues sont polyvalentes et s'adaptent à de nombreuses situations de par leur composition, les coupes et les détails.

Parfois, je découvre un usage que je n'avais pas prévu dans mes cahiers des charges. J'ai récemment vendu une tenue complète à un navigateur qui partait en solitaire traverser l'Atlantique. La laine mérinos est parfaitement adaptée aux changements de températures et aux intensités d'efforts changeantes qu'un skipper va rencontrer pendant trois semaines.

La promesse anti-odeur est bien sur essentielle pour tous les adeptes d'efforts répétés sur plusieurs jours. Un style fonctionnel, élégant et sobre. La clé de voûte, c'est la matière.

Les clients investissent dans OGARUN d'abord pour la qualité du tricot, ensuite pour la fabrication française.

Quelles sont les marques qui t’inspirent pour ta vie quotidienne ?

J'apprécie la marque ORTOVOX, marque née en Autriche de passionnés d'alpinisme. Ils travaillent aussi beaucoup la laine mérinos. J'aime à la fois leurs tenues sobres et colorées, avec de grandes lignes.

Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia m'inspire depuis 15 ans. C'est un exemple pour moi.

Quel est ton vêtement fétiche ?

J'ai deux hoodies qui sont un peu mes doudous. Je les porte tout le temps quand je travaille. Ils m'enveloppent de douceur. Paradoxalement, c'est la seule tenue de ma collection qui n'est pas en mérinos.

Pour le sport, j'aime le short 2 en 1 avec son sous-vêtement intégré en mérinos. Confort et polyvalence extrême : avec lui, je cours bien sûr mais aussi je fais du yoga, du pilate…

Ton geste pour la planète ?

Je ne m'autorise pas plus qu'un A/R par an en avion, voyage pro / perso confondus.

Dans mon quotidien, je privilégie les déplacements en vélo ou transports en commun.

Slowez-nous ! Partagez la Slow Attitude avec les personnes que vous aimez

Dernières publications

Partagez votre avis

Atelier Unes - mode responsable - Portrait Sloweare FeaturedCyril Brenac et Benjamin Buquet - featured