Aude Schaeffer, fondatrice de MUUDANA : confidences d’une créatrice inspirante
Aude Schaeffer Muudana
Aude Schaeffer, fondatrice de MUUDANA : confidences d’une créatrice inspirante
Aude Schaeffer Muudana
Confidences d’une créatrice inspirante
Aude Schaeffer Muudana
Aude Schaeffer fonde la marque de mode responsable Muudana en 2017. Voyages, entreprenariat riche en valeurs fédératrices et envie d’innover marquent son parcours atypique et inspirant.
Ce bout de femme d’une trentaine d’années, aujourd’hui, raconte une histoire que nous pourrions qualifier en avance sur son temps. Elle voyage seule au Pérou et au Brésil pendant des mois à une époque où nous étions bien moins connectés qu’aujourd’hui. Elle s’installe au Cambodge où elle tisse de profonds liens avec de petits artisans textiles. Elle intègre ces petits ateliers traditionnels dans une chaîne de valeur éthique et responsable… Rencontre avec cette créatrice de mode et confidences pour découvrir qui se cache derrière le nom Muudana.
Bonjour Aude et merci d’avoir accepté notre invitation d’interview pour SLOWEARE. Nous souhaiterions en apprendre un peu plus sur toi au travers de cette rencontre.
Aude Schaeffer, créatrice de Muudana : voyager pour trouver des réponses concrètes
- Ton voyage en solo au Pérou a marqué les prémices de Muudana. Un proverbe tibétain dit que « le voyage est un retour à l’essentiel ». Que dirais-tu de la place des voyages dans ta vie ? Et par rapport à Muudana ?
Je suis partie au Pérou à mes 20 ans pensant m’orienter par la suite vers la culture. Ce voyage au Pérou durant un an fut une réelle prise de conscience et un déclic. À cette époque, on parlait de commerce équitable et j’ai pu voir par moi-même ce qu’était le travail des petits artisans textiles. Ce patrimoine culturel du Pérou, lié notamment à l’alpaga, m’a donné envie de m’investir plus dans l’avenir. Je ne souhaitais plus m’orienter vers la culture, mais opter pour un parcours plus engagé en lien avec le développement durable et l’économie sociale.
Aude Schaeffer Muudana
« Depuis toujours je souhaite comprendre ce qui se passe réellement sur le terrain »
Après le Pérou, je suis partie au Brésil au plus près des artisans localisés en Amazonie. Ce fut une nouvelle révélation que de me retrouver à échanger et découvrir sur le commerce équitable là-bas. Ensuite, de retour en France, j’ai travaillé pour une ONG qui m’a permis de voyager régulièrement en Afrique et de parfaire mon envie de comprendre les problématiques sociales.
Aude Schaeffer Muudana
« Le voyage m’a ouvert l’esprit sur la réalité du terrain et m’a conforté dans mon souhait de devenir une entrepreneuse engagée »
Aude Schaeffer : art, école de commerce et minutes à soi
- Ton parcours scolaire, était-il prometteur d’un avenir dans l’habillement ou l’entreprenariat ?
Depuis mon enfance, le stylisme m’attirait. J’ai toujours aimé le dessin et la peinture. Sur les bancs du lycée, je passais déjà mon temps à dessiner et je m’imaginais devenir mon propre patron. J’ai intégré un cours préparatoire des Beaux-arts avant de poursuivre mes études en école de commerce.
- En dehors de la créatrice de mode que tu es, quels sont tes goûts, tes passions, tes loisirs ?
Le dessin et la peinture me passionnent toujours. Je les conjugue aujourd’hui avec mon autre passion : les voyages. Dans mes carnets de voyage s’entremêlent ainsi dessins, aquarelles et notes diverses.
- La culture et l’art, sont-ils synonymes d’inspirations pour toi ou tes créations ?
Totalement ! La culture et l’art m’animent depuis toujours. Avec Muudana, je m’inspire des tenues locales et traditionnelles que je réinvente pour les moderniser. Les boutons de la veste Tai Dam de Muudana sont justement inspirés par une tribu laotienne et réalisés en métal recyclé.
- Une citation, un rituel ou un mentor qui pimente ton quotidien ?
Une citation me suit depuis toujours : « Que ceux qui pensent que c’est impossible, ne dérangent pas ceux qui essayent ». Pour l’anecdote, j’avais collé cette citation sur la porte du bureau de l’ONG dans laquelle je travaillais…
Concernant mes rituels, j’aime prendre 10 minutes chaque matin pour moi-même. Généralement, c’est un peu de lecture qui occupe ce précieux réveil.
Enfin, plusieurs personnes m’inspirent, mais si je devais en citer une seule, je dirai Alexandra David Neel dont la démarche de décrypter les cultures me fascine.
Muudana et Aude, histoires d’entreprenariat engagé et d’esprit aventurier
- Cela fait presque 3 ans que tu as créé Muudana et te voici de retour en France. Dans quel état d’esprit te trouves-tu aujourd’hui ?
Je suis rentrée en France en juin dernier et j’en suis ravie. Pour la confidence, je me suis même mariée cet été. Malgré un peu de nostalgie par rapport à ma vie au Cambodge et bien que je voyagerai encore régulièrement, j’ai beaucoup de choses à développer ici pour Muudana. Participer à des pop-up stores, me rapprocher de mes clients, créer de nouveaux partenariats, penser aux futures collections, etc. Entre prolongation de la lune de miel et projets nouveaux, le temps file à grande vitesse et une belle aventure s’annonce !
- Quels sont les challenges que tu as été la plus fière de relever ?
Le challenge dont je suis la plus fière est très certainement d’avoir osé créer Muudana. Depuis, chaque jour, chaque mois ou chaque année qui s’annoncent résonnent comme un challenge.
Aude Schaeffer Muudana
« En grandissant, je fais face à des nouveautés enrichissantes. Chaque jour est challengeant. »
- Quelles sont tes envies pour l’avenir ?
Comme tout créateur, j’espère que Muudana deviendra une marque reconnue. J’aimerais arriver à vivre pleinement de cette activité et pouvoir un jour recruter des personnes pour faire grandir encore cette marque de mode responsable.
Une expérience inédite dans de petits ateliers au Cambodge
Muudana se différencie de nombreuses marques d’habillement par sa collaboration étroite avec de petits artisans basés en Asie.
Aude a aussi saisi l’opportunité de travailler au Cambodge pendant plus de 3 ans au plus près des artisans textile qui travaillent pour sa marque. Une proximité rare pour la plupart des créateurs qui collaborent avec des artisans en Asie.
Aude Schaeffer Muudana
- La découverte du Pérou fut ta première révélation pour lancer une marque de mode responsable et tu concrétises finalement ton rêve au Cambodge. Quel fut le déclic qui t’a permis de réaliser ce rêve latent ?
En effet, mon voyage au Pérou fut une révélation et je n’ai pas de suite osé me lancer. Le réel déclic fut mon conjoint qui est parti avant moi au Cambodge. Une fois qu’il fut installé, je l’ai rejoint pour des vacances. C’est à cette occasion qu’il m’a fait la surprise de me faire visiter un atelier textile passionnant tenu par une ONG. Il connaissait mon rêve et me connaissait. C’est clairement ce jour-là que mes doutes se sont envolés et que j’ai fait le choix de me lancer.
« Cet atelier que j’ai visité à l’époque est un des ateliers de Muudana à ce jour »
- En étant sur place dans les ateliers cambodgiens, tu te différencies de la plupart des créateurs. Comment qualifies-tu cette proximité ?
Se retrouver sur place aux côtés des artisans s’impose comme un réel avantage. En toute honnêteté, travailler à distance aurait été très compliqué, voire impossible lorsque je pense au chemin que j’ai parcouru avec Muudana.
Après 3 ans passés au Cambodge en relation étroite avec les artisans qui participent aux collections Muudana, je connais même les couturières par leurs prénoms. Nous avons créé ensemble bien plus qu’une relation client-fournisseur. Nous travaillons en partenariat. Les liens tissés sont basés sur la confiance et la compréhension des besoins et des enjeux de chacun. Aujourd’hui depuis Paris, je reste proche de mes partenaires grâce à WhatsApp notamment et je vais retourner un mois au Cambodge cet hiver. Ces 3 ans me permettent aujourd’hui de pouvoir travailler à distance avec les artisans, en toute sérénité.
- Préserver le savoir-faire traditionnel tout en respectant les conditions de vie des artisans font partie intégrante des valeurs de Muudana. Comment es-tu parvenue à trouver cet équilibre et contre quels freins as-tu du éventuellement lutter ?
Lorsque l’on parle de petits artisans traditionnels, il faut noter que ces derniers s’adonnent au tissage lorsqu’ils ont le temps. Leur mode de vie inclut aussi l’agriculture ou s’occuper des enfants. Le tissage arrive ensuite. Aussi, au niveau culturel lors de fêtes ou si un décès survient dans le village, l’activité peut s’arrêter une semaine. C’est pourquoi j’ai choisi de faire appel à des organisations d’artisans que j’ai scrupuleusement sélectionnées pour leur investissement dans le commerce équitable et le respect de l’environnement. Ces organisations collaborent avec des centaines de petits artisans ce qui permet de maintenir un équilibre serein et respectueux de chacun.
Aude Schaeffer Muudana
- En quoi faire exclusivement appel à des petits artisans est passionnant, challengeant et source d’innovations ?
On parle beaucoup des méfaits de la Fast Fashion en matière environnementale ou humaine. Je trouve qu’on oublie souvent de parler de la préservation des savoir-faire textiles et des cultures locales. Le riche savoir-faire français a connu cette perte et cela se produit aujourd’hui dans d’autres pays comme ce que j’ai pu voir en Asie. Les tissus traditionnels faits-main sont plus chers ce qui entraîne une diminution des ventes et finalement l’abandon de cette démarche pourtant empreinte depuis des siècles dans les traditions…
L’agriculture, le petit commerce et l’artisanat textile s’intègrent dans un système financier précis. L’agriculture permet aux villages de se nourrir, le petit commerce d’avoir accès à des produits indispensables et le textile de pouvoir financer des soins de santé et l’éducation. La préservation de ce mode de vie traditionnel est par conséquent plus que nécessaire dans un souci d’équilibre. Il s’avère être aussi moins polluant et offre enfin un avantage social. Nous ne donnons pas seulement un travail à un artisan, nous participons à une démarche éthique et à l’émancipation des femmes (ces dernières étant pour la plupart celles qui se chargent de l’artisanat textile).
Aude et la slowlife :
- Par rapport à la slowlife, pourrais-tu partager avec nous quelques retours d’expérience, tes habitudes de consommation ou ce que tu as changé pour te sentir plus en harmonie avec ce mouvement ?
J’adhère entièrement au mouvement Slow Life. Depuis des années déjà, j’ai revu petit à petit mes habitudes. J’ai beaucoup réduit ma consommation de viande, je n’achète plus de produits transformés, je prends le temps de cuisiner et je fabrique même moi-même mes produits cosmétiques.
Aude Schaeffer Muudana
« Mon futur défi sera de parvenir à éliminer les déchets de mon quotidien »
Les créations zéro-déchet de Muudana
- Pourquoi ne pas conclure cette interview sur des idées de cadeaux ? Quelles seraient les créations Muudana que tu conseillerais à nos lecteurs pour ravir leurs proches ?
J’ai pensé à lancer des nouveautés fabriquées exclusivement à partir de chutes de tissu. Parmi ces nouveautés :
- le headband aux imprimés de la collection Laos fera le bonheur de ces dames et demoiselles.
- la pochette carrée née des chutes de la veste Tai Dam charme par son accent ethnique et élégant. Elle vous accompagne en soirée ou s’invite comme une jolie pochette de rangement.
- le boîtier à lunettes upcyclé en chanvre et lin mixte fera à coup sûr le bonheur d’un proche pour son côté pratique, écolo et créatif.
- enfin, le kit de pailles en bambou s’invite comme un accessoire dans l’air du temps. De quoi ajouter la résolution « boissons zéro-déchet » à votre liste de nouveaux défis pour 2020 !
Merci encore Aude pour avoir répondu à nos questions. Nous te souhaitons un beau retour en France et une merveilleuse aventure pour ta marque de mode responsable Muudana.
Ce portrait de créatrice vous a séduit, visitez le site Muudana pour en découvrir encore davantage !
Cet article vous est proposé à l'initiative de Muudana.
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